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COMMENT CHATGPT VOUS GRILLE LE CERVEAU ?

Vous avez peut-être déjà eu cette sensation bizarre. Ce moment où, après avoir utilisé ChatGPT pour rédiger un message, faire un résumé ou même trouver une idée cadeau… vous vous sentez un peu plus vide. Moins vif. Moins vous.

Ce n’est pas une impression. Et ce n’est pas (juste) de la parano.

La question à se poser n’est plus simplement « est-ce que l’IA va remplacer nos métiers ? ». C’est plus profond que ça. C’est notre cerveau, nos capacités de réflexion, notre mémoire, notre créativité… qui sont en jeu.

Alors, est-ce que ChatGPT nous bousille le cerveau ? Ou est-ce qu’on est juste en train de changer notre façon de penser ? Spoiler : les deux sont vrais. Et la science commence sérieusement à tirer la sonnette d’alarme.

Une intelligence collective en chute libre

Avant de parler de ChatGPT, parlons d’un phénomène plus large. Parce qu’on ne va pas tout mettre sur le dos de l’IA. Depuis plusieurs années, les indicateurs sont déjà au rouge.

Selon une étude de l’OCDE menée sur plus de 160 000 adultes dans 27 pays riches, les capacités de base (lecture, écriture, calcul) sont en déclin. Brutalement. Aux États-Unis, par exemple, 30 % des adultes rencontrent des difficultés à lire. 35 % peinent avec les mathématiques de base.

Et non, ce n’est pas juste une histoire de génération TikTok. Les ados aussi décrochent. En sciences, en maths, en lecture. Mais surtout : ils décrochent du réel. Ils peinent à se concentrer. À raisonner. À penser par eux-mêmes.

Et ça, c’est un vrai sujet de société. Pas un simple problème scolaire.

Quand l’IA devient un miroir (et ce qu’on y voit fait flipper)

Vous utilisez ChatGPT. Gemini. Claude. Et vous avez peut-être remarqué à quel point tout semble… facile.

C’est bien ça le problème.

Une étude du MIT Media Lab a comparé trois groupes d’étudiants rédigeant des dissertations :

  1. Un groupe sans aide,
  2. Un groupe aidé par Internet,
  3. Un groupe avec ChatGPT-4o.

Le résultat est édifiant : 83 % des utilisateurs d’IA étaient incapables de citer une seule phrase de leur texte, immédiatement après l’avoir écrit. Contre seulement 11 % dans les deux autres groupes.

Mais il y a pire : les capteurs EEG ont montré que l’activité cérébrale des utilisateurs d’IA était deux fois plus faible. Littéralement, leur cerveau travaillait moins.

Pas une métaphore. Un vrai signal biologique.

La dette cognitive : un concept-clé à retenir

Les chercheurs appellent ça la “dette cognitive”. Et c’est exactement ce que vous imaginez.

En s’habituant à ne plus faire l’effort, le cerveau se met en veille. Il désapprend. Il perd ses réflexes. Comme un muscle qu’on ne sollicite plus.

Quand les étudiants du groupe IA ont été remis en condition « sans aide », leur niveau ne remontait pas. Ils restaient bloqués. Le mal était fait.

Et c’est ça, le vrai danger de l’IA : pas ce qu’elle fait à votre place. Mais ce qu’elle désactive chez vous.

Le piège de la pensée déléguée

« Ce n’est pas l’outil, c’est l’usage qu’on en fait » : combien de fois vous avez entendu cette phrase ?

C’est faux.

Oui, ChatGPT est neutre. Mais son usage dominant, aujourd’hui, c’est : répondre vite, sans effort, sans friction. Résultat ? Une épidémie de passivité intellectuelle.

Vous avez une question ? Vous ne la formulez même plus. Vous l’envoyez à ChatGPT. Besoin d’un avis ? Vous demandez au bot. Résultat : moins d’intuition, moins de mémoire, moins de jugement.

Comme l’explique une autre étude de Microsoft : plus les gens font confiance à l’IA, moins ils remettent en question ses réponses. Moins ils raisonnent. Moins ils sont curieux.

Et la créativité dans tout ça ?

Vous pensez que l’IA booste votre créativité ? C’est en partie vrai. Mais à court terme seulement.

Elle aide notamment à accélérer la production d’images mais cela rend-il plus créatif pour autant ?

L’Université de Houston a montré que les idées générées par IA étaient perçues comme plus créatives… au début. Mais sur la durée, elles deviennent prévisibles, similaires, banales.

Même constat pour l’écriture : dans une étude sur 400 personnes, les histoires générées par IA étaient plus agréables à lire… mais aussi plus plates, plus répétitives, moins surprenantes.

Pourquoi ? Parce que les IA fonctionnent par prédiction. Elles répliquent, recombinent, lissent. Et finissent par nous formater tous… à penser pareil.

Smartphone + IA = le combo qui flingue la concentration

Petit aparté nécessaire : l’IA n’est pas seule en cause. C’est tout notre environnement numérique qui tire vers le bas.

Le simple fait d’avoir un smartphone près de soi suffit à diminuer votre capacité d’attention. Même s’il est éteint. Même s’il est retourné. Juste parce que votre cerveau pense à lui.

Ajoutez à ça des feeds TikTok boostés à l’IA, une avalanche de contenus prédictifs, des alertes partout… et vous obtenez un cocktail parfait pour grignoter votre esprit, seconde après seconde.

Mais est-ce qu’on peut encore inverser la tendance ?

Heureusement, la réponse est oui.

Une étude canadienne a montré que les étudiants qui avaient exercé leur cerveau sans IA résistaient mieux aux effets cognitifs négatifs. Ils étaient plus concentrés. Plus performants. Plus critiques.

Autrement dit : plus vous pensez vous-même, plus vous devenez résilient face à l’IA.

C’est un entraînement. Et comme pour n’importe quel entraînement, ça demande de l’effort. De la régularité. Du courage, parfois.

Mais les résultats sont là.

Comment muscler votre cerveau à l’heure de l’IA

Non, on ne va pas vous dire de supprimer ChatGPT ou de balancer votre smartphone dans la Seine. Mais voici quelques pratiques concrètes pour reprendre le contrôle :

1. Rédigez sans aide (au moins au début)
Écrivez vos textes à la main, ou sans IA. Même si c’est lent. Même si c’est moche. Vous apprendrez bien plus qu’en corrigeant une version générée.

2. Posez les questions vous-même
Avant de consulter ChatGPT, tentez une réponse. Même approximative. L’important, c’est de faire fonctionner le cerveau avant de chercher la solution.

3. Interprétez sans résumé
Quand vous lisez un article, un livre, une étude… faites l’effort de comprendre. Ne vous contentez pas d’un résumé généré.

4. Utilisez ChatGPT comme un coach, pas comme un exécutant
Demandez-lui de vous challenger. De vous poser des questions. Pas seulement de vous livrer une réponse toute faite.

5. Gardez des zones sans IA
Un journal papier. Un carnet d’idées. Des brainstormings solo. Des lectures longues. Des moments sans écran. Des vraies discussions.

IA + cerveau humain = combo gagnant (si bien utilisé)

L’IA n’est pas l’ennemie. Elle peut même devenir votre meilleur allié. Mais à condition de ne pas la laisser prendre le volant à votre place.

Comme le dit l’un des chercheurs du MIT : « Ceux qui sauront encore réfléchir par eux-mêmes dans un monde assisté auront un avantage décisif. »

Et si, au lieu de laisser ChatGPT penser à votre place, vous le forciez à penser avec vous ?

Le vrai danger : croire qu’on devient plus intelligent… alors qu’on devient juste plus rapide

C’est l’illusion la plus perverse.

Oui, ChatGPT vous fait gagner du temps. Oui, il vous aide à formuler, synthétiser, illustrer. Mais cela ne veut pas dire que vous devenez plus intelligent.

Vous devenez juste plus efficace.

Là où il y avait de la réflexion, il y a maintenant de la génération. Là où il y avait du doute, il y a maintenant une réponse.

Et si ce confort vous empêche de penser par vous-même… alors c’est un prix bien trop cher à payer.

Pensez à la main, pensez à la dure, pensez pour de vrai

Le vrai défi, ce n’est pas de bannir l’IA. C’est de ne pas s’y dissoudre.

Chaque fois que vous utilisez ChatGPT, posez-vous une seule question :

Est-ce que je suis encore celui qui pense, ou juste celui qui clique ?

Parce que dans un monde où tout le monde délègue sa pensée… ceux qui continuent à réfléchir eux-mêmes auront une longueur d’avance.

Et si c’était ça, finalement, la nouvelle intelligence ?

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