CHATGPT AVEC DE LA PUB : ÉVOLUTION OU TRAHISON ?

3 septembre 2025

Intelligence ArtificielleSoyez le 1er à commenter

Et si demain, en ouvrant ChatGPT, vous tombiez sur une publicité ? Une paire de chaussures, un abonnement à un service, ou pire… une réponse subtilement orientée par un annonceur.

Impensable ? Pas vraiment.

Jusqu’ici, OpenAI avait tracé une ligne rouge : « Pas de pub dans ChatGPT. » C’était un principe fondateur. Mais cette ligne est en train de s’effacer.

Lors du tout premier épisode du podcast officiel d’OpenAI, Sam Altman – son patron – a admis que la publicité n’était plus un scénario exclu.

Alors, qu’est-ce que cela change ?

Dans cet article, vous allez découvrir :

– pourquoi la pub revient dans la stratégie d’OpenAI
– ce que ça dit de l’avenir de l’IA
– et surtout ce que ça change pour vous, en tant qu’utilisateur

LA PUB DANS CHATGPT, LA LIGNE ROUGE QUI S’EFFACE

Revenons un an en arrière.

En 2024, Sam Altman avait été clair devant les étudiants de Harvard :

« La publicité, c’est le dernier recours. »

ChatGPT devait rester un outil neutre, objectif, sans influence extérieure.

Mais nous voilà en 2025. Le discours change subtilement :
« Nous n’avons encore rien fait dans ce sens… mais je ne suis pas totalement contre. »

Dans le langage des dirigeants, cette nuance a un poids énorme. Traduction : la porte est entrouverte.

Ce type de glissement n’est jamais anodin. Il prépare le terrain, façonne l’opinion, habitue les utilisateurs à une idée qui paraissait impensable hier. Exactement comme Google en 2000, lorsqu’il jurait vouloir rester “simple et sans pub intrusive”… avant de lancer AdWords qui allait bouleverser tout le web.

Alors pourquoi ce changement de ton aujourd’hui ? Pourquoi passer d’un « jamais » ferme à un « peut-être » assumé ?

POURQUOI LA PUB REVIENT SUR LA TABLE DU CÔTÉ DE OPENAI

La réponse tient en un mot : argent.

Faire tourner ChatGPT coûte une fortune. Les estimations parlent de 3 à 4 milliards de dollars par an.
Serveurs, data, ingénierie, maintenance : une machine qui brûle du cash à vitesse folle.

Certes, OpenAI a levé 40 milliards en mars dernier. Certes, l’entreprise a signé un contrat à 200 millions avec le Département de la Défense américain. Mais malgré ça, la rentabilité n’est pas encore atteinte.

En 2023, l’abonnement ChatGPT Plus à 20 $ par mois a été lancé. Mais soyons honnêtes : la majorité des utilisateurs restent sur la version gratuite.

Sans compter que le lancement de GPT-5 n’a pas été franchement accueilli sous les éloges de utilisateurs

Même avec plusieurs millions d’utilisateurs payants cela ne couvre pas les pertes annuelles estimées à 5 milliards de dollars.

Et qui dit version gratuite… dit besoin de monétiser autrement.

C’est là que la publicité entre en scène. Pas comme une idée farfelue, mais comme une solution logique.

Et OpenAI n’est pas seul dans cette logique :

• Perplexity teste déjà des formats sponsorisés.
• Google a intégré des pubs dans Gemini depuis fin 2024.
• Même Meta explore des systèmes d’IA “assistées” avec des réponses commerciales intégrées.

Bref, ce qui paraissait impossible hier devient aujourd’hui le chemin naturel.

RENTABILITÉ ET CONFIANCE : L’ÉQUILIBRE IMPOSSIBLE ?

Mais attention, c’est là que ça se complique.

Sam Altman le reconnaît lui-même : « Modifier les réponses en fonction des annonceurs serait un désastre. »

Et il a raison.

Imaginez poser une question simple : « Quel est le meilleur casque audio ? »
Au lieu d’une analyse neutre, vous obtenez une recommandation sponsorisée.

Dans ce scénario, la confiance s’écroule. Car si une IA biaise ses réponses pour plaire à des annonceurs, elle perd son essence.

C’est un équilibre extrêmement fragile :

• Trop de pub = perte de crédibilité.
• Pas assez de revenus = modèle économique fragile.

Ce virage, s’il doit être pris, doit être géré avec beaucoup d’habileté. Au risque d’envoyer OpenAI dans le décor.

La vraie question devient alors :

Comment intégrer de la pub sans pervertir le cœur du produit ?

CHATGPT DEVIENT UN MÉDIA

Prenons un peu de recul.

YouTube, Instagram, Facebook… tous ont commencé gratuits, neutres, centrés sur l’utilisateur. Puis la publicité s’est installée, petit à petit, jusqu’à devenir leur moteur économique.

ChatGPT suit le même chemin.

• Au départ : un outil d’expérimentation, réservé aux curieux.
• Aujourd’hui : un service utilisé par des centaines de millions de personnes.
• Demain : un canal de diffusion à grande échelle, aussi incontournable que Google ou YouTube.

ChatGPT n’est plus un simple Chatbot. C’est un média conversationnel.
Et qui dit média… dit publicité.

Mais la différence est cruciale : ici, la publicité ne s’affichera pas comme une bannière ou une vidéo avant le contenu. Elle pourrait être intégrée directement dans la conversation.

Et ça, c’est inédit. Car cela touche à quelque chose de plus intime : notre dialogue avec une intelligence artificielle.

OPENAI ET LA PUBLICITÉ : LES SCÉNARIOS POSSIBLES

Alors, à quoi pourrait ressembler la publicité dans ChatGPT ?

Scénario 1 : la pub native discrète sur ChatGPT

Un encart « sponsorisé » à la fin d’une réponse. Exemple :
« Vous cherchez un logiciel de gestion ? Voici trois options.
Annonce sponsorisée : essayez aussi X, partenaire de ChatGPT. »

Scénario 2 sur les annonces publicitaires : ChatGPT et la pub contextuelle

Un système proche de Google Ads. Vous tapez une requête, la première réponse est sponsorisée, clairement identifiée.

Scénario 3 : le freemium à deux vitesses

Une version gratuite avec pub. Une version payante sans pub. Exactement comme YouTube ou Spotify.

Dans chacun de ces cas, le risque est le même : brouiller la frontière entre contenu utile et contenu sponsorisé. Et dans un outil fondé sur la confiance informationnelle, cette confusion peut être fatale.

CE QUE LA PUB SUR CHATGPT CHANGE POUR VOUS

Concrètement, qu’est-ce que ça change ?

Pour les créateurs de contenu

C’est une opportunité. Être visible directement dans ChatGPT, au cœur des réponses, c’est le Graal. On parle d’un nouveau SEO – certains l’appellent déjà le GEO (Generative Engine Optimization).

Pour les utilisateurs

C’est un danger. Parce qu’une IA biaisée perd son intérêt. Si vous ne pouvez plus faire confiance aux réponses, vous irez chercher ailleurs.

Pour les entreprises

C’est un marché colossal. Pouvoir cibler un utilisateur au moment précis où il exprime un besoin, c’est une mine d’or publicitaire. Mais cela pose aussi des questions éthiques énormes : jusqu’où peut-on influencer une recommandation ?

Alors je vous repose la question :
Sommes-nous prêts à ce que nos conversations avec l’IA deviennent un espace publicitaire ?

Voilà où nous en sommes.

La publicité dans ChatGPT n’est plus un tabou. Elle est sur la table. La question n’est plus « si », mais « comment ».

Comment monétiser sans trahir ?
Comment rester crédible tout en devenant rentable ?

OpenAI joue gros. Parce que la confiance, ça se construit sur des années… et ça peut disparaître en quelques secondes. Sans compter que le lancement de GPT-5 n’est pas à la hauteur des attentes qu’il a suscité.